Un christianisme pour nos contemporains

 

Un christianisme pour nos contemporains

 

Paul Debains, prêtre, après trente années de missions en Afrique, exerça son ministère en France. Il a réuni et présenté des textes inédits de Maurice Zundel chez Fayard, puis aux éditions du Jubilé-Sarment. Quatre livres, plusieurs fois réimprimés, qu’on peut toujours trouver en librairie : « Un autre regard sur l’homme », « Le problème que nous sommes », « Un autre regard sur l’Eucharistie », « Pour toi, qui suis-je ? »

 

Paul Debains a créé ce site, voici son témoignage…

 

C’est dans le but de faire se dissiper, dans l’esprit de beaucoup de nos contemporains, peut-être toutes sortes d’absurdités quant à la foi chrétienne, qui au moins sommeillent dans le cœur de beaucoup et éloignent de cette foi les plus intelligents, c’est dans ce but que j’ai créé en février 2005 un site sur internet : www.elan-en-trinité.com et maintenant www.mauricezundel.com. Sur ce site est donné chaque jour un texte de Maurice Zundel, le grand témoin au 20ème siècle de cette mystique chrétienne, sa pensée a libéré beaucoup de personnes.

 

1 – Un doute quant au fondement du christianisme.

 

Les conférences multipliées de Jacques Duquesne, celles plus radicales encore de Michel Onfray, l’environnement fréquent des medias, et aussi toute une littérature contemporaine, ont sinon provoqué, du moins entretenu et accru, un véritable doute quant au fondement du christianisme et de sa véritable importance, et ce doute ne peut que mener la majorité de nos contemporains à l’indifférence religieuse et à l’absentéisme de la messe du dimanche.

 

A cause d’une certaine littérature actuelle, proposée par des auteurs qui n’ont aucune connaissance sérieuse du christianisme, parce que, finalement, ils ne le voient et ne le pensent que selon des critères extérieurs à ce qu’il est, on en arrive à une mise à l’écart, et même un rejet, de données fondamentales. Simplement parce qu’elles demandent, pour être reçues et fécondes, un minimum de vie intérieure qu’ils n’ont pas. Ce qu’ils disent alors, et écrivent, peut être infiniment dommageable pour les esprits fragiles que tous, nous pouvons demeurer.

« A qui irions-nous ? » dit Pierre à Jésus au moment où beaucoup abandonnent le Maître (Jean 6,66). Jésus ne fait rien pour les retenir. Il dit alors : « C’est l’esprit qui vivifie, la chair ne sert de rien ! » (Jean 6,63). L’esprit est pure intériorité. La carence d’esprit se manifeste chez ceux qui, au temps de Jésus, L’ont abandonné, comme chez ceux qui, aujourd’hui, se croient autorisés à amputer le christianisme, de vérités, de réalités, qui ont nourri et « vitalisé » pendant des siècles le cœur et la vie d’innombrables chrétiens.

 

D’innombrables baptisés n’entretiennent aucunement ce qui leur reste de foi…

 

Les jeunes sont empêtrés dans le doute quant au christianisme de leur enfance, et d’une façon qui peut devenir dramatique. Un récent livre du Père Guy Lescanne : « 15-25 ans, on ne sait plus qui croire », éditions du Cerf, « a le mérite de faire apparaître au fil des pages l’espèce de doute permanent confessé par les jeunes ». L’auteur pense qu’ « il nous faut bien davantage aujourd’hui soutenir des espaces sûrs et libérants » (citation de « La Croix », 7 mars 2005). Ce site voudrait en fournir presque quotidiennement.

 

2 – La liturgie en vigueur peut rebuter.

 

Il est certain aussi par exemple que la liturgie en vigueur aujourd’hui dans l’Eglise peut rebuter ceux qui doutent et sont devenus indifférents. Beaucoup de textes demanderaient à être modifiés, voire remplacés purement et simplement. Se rend-on suffisamment compte de ce que les prières eucharistiques sont contemporaines de l’Eglise primitive et ne peuvent donc pas bénéficier du développement, considérable, du dogme jusqu’à nos jours ?

On dit depuis des siècles dans la prière eucharistique n°1 :  » …Nous te présentons … le sacrifice pur et saint, le sacrifice parfait, pain de la vie éternelle et du salut…  » Comment n’être pas tenté à partir de ces paroles de concevoir le sacrifice de Jésus-Christ comme extérieur à nous et venant combler le cœur du Père indépendamment de toute réponse de l’homme ? Ce qui constitue un véritable contresens.

 

Le sacrifice de Jésus, indépendamment de toute réponse humaine, n’a absolument aucun sens. Il ne peut authentiquement être pensé et offert que dans sa relation à l’intériorité humaine, à l’esprit de l’homme en même temps qu’à l’Esprit de Dieu.

 

De telles expressions présentent un risque réel de penser qu’une fois qu’on a présenté ce sacrifice au Père, en quelque sorte on est quitte et on peut retourner à ses affaires sans davantage se préoccuper de Lui, tout étant fait, et parfaitement fait, par Jésus-Christ.

 

Même si l’on peut penser à juste titre que ce sacrifice est offert au Père, au Fils et à l’Esprit de toute éternité, de sorte que son accomplissement historique n’apporte rien de nouveau en Dieu, il n’en reste pas moins qu’éternellement il est aussi intrinsèquement et absolument relationné à l’offrande de l’homme, et n’a donc aucun impact ni éternel ni temporel sur le Dieu Trinité si l’homme ne le fait pas sien et n’entre pas lui-même en état d’offrande la plus parfaite possible, une offrande jamais achevée sur cette terre et au ciel aussi.

 

3 – Présenter un christianisme capable d’être reçu par nos contemporains.

 

Il faut à tout prix faire effort aujourd’hui pour présenter à nos contemporains, chrétiens ou non, un christianisme développé dans un sens capable d’être reçu par nos contemporains, c’est la seule chance que cela puisse les intéresser profondément et les faire sortir de l’indifférence.

 

La foi chrétienne n’est accessible à l’homme, quel qu’il soit, que selon la qualité et le degré de sa vie intérieure. Un Dieu esprit ne peut être pensé et adoré que par l’esprit de l’homme en dialogue avec l’Esprit de Dieu. Jésus dans l’Evangile de Jean le dit formellement (4,24).

Et les découvertes archéologiques modernes, pas plus que les recherches minutieuses des plus éminents spécialistes, quelles qu’elles soient, vulgarisées par des livres d’auteurs contemporains à succès, et présentées dans des conférences, ne sont capables d’apporter la moindre lumière sur le contenu de la foi chrétienne, à plus forte raison d’en rejeter quoi que ce soit, parce qu’elles lui sont complètement extérieures.

 

3.1 – Par une présentation mystique du christianisme.

 

Pour que plus de chrétiens viennent aux messes célébrés par les prêtres déjà existant, et cela ne pourra se faire d’une façon décisive, après longtemps sans doute et peu à peu, que lorsqu’une présentation mystique du christianisme, qui morde sur la vie, sera faite au plus grand nombre.

 

Tous les textes zundéliens cités sur ce site vont dans ce sens, d’où leur importance. C’est plus important que de chercher à pallier aujourd’hui le petit nombre de vocations sacerdotales. Un renouvellement mystique du christianisme en fera immanquablement naître beaucoup en son temps.

 

Chaque lecture de Zundel devrait constituer une sorte de nouvelle expérience ou découverte du Dieu Trinité.

 

3.2 – Par une présentation qui soit une plongée quotidienne bienfaisante.

 

Avec ce site Maurice Zundel, l’insertion, la plongée quotidienne dans un des meilleurs filons de la foi chrétienne peut être extrêmement bienfaisante, extrêmement détendante : il ne s’agit plus de contenter notre simple intelligence, il ne s’agit plus de répondre à notre désir de connaître davantage, d’alimenter notre cerveau d’un savoir nouveau quant à son contenu, il s’y agit de pénétrer, d’une façon toujours nouvelle, au cœur du sens même de notre vie.

Je voudrais que le nouveau texte de chaque jour apporte une vraie détente, un apaisement dans les profondeurs de notre être-esprit. Dieu veuille qu’il y en ait beaucoup !

 

Un théologien, tout de même quelque peu sulfureux, Hans Kung revient aujourd’hui à la surface : j’ai lu jadis des centaines de pages de son œuvre considérable et n’ai pas envie de m’y remettre ! Hans Kung a pour moi cette caractéristique qu’il n’apporte aucune détente à notre esprit, il le perturbe plutôt ! Il ne fait que reprendre, certes d’une façon et avec une verve nouvelles, de vieux thèmes anti-chrétiens ou du moins anti-église romaine ! Il pose à notre vieux fond chrétien toutes sortes de problèmes, il le sape par la base, avec des réponses qui l’auraient conduit au bûcher il y a quelques siècles. Il n’apporte aucun apaisement à notre esprit ! Lisez-en seulement quelques lignes, un chapitre ou deux si vous en êtes tentés, vous comprendrez !

 

L’ennui, c’est qu’il y a encore aujourd’hui une littérature chrétienne qui confond simplisme et simplicité, une littérature parfaitement illisible pour la plupart de nos contemporains. Hans Kung fait figure de solidité face à celle-ci !

 

Aux internautes qui découvriront ce site, il est demandé de persévérer, d’accepter de passer par l’épreuve : à certains jours on aura forte envie de balancer tout ça, une sorte de rêve auquel on s’est laissé prendre et abuser : n’est-on pas finalement complètement bernés !

Si l’on apprend à dépasser cette nécessaire étape, on commencera à s’apercevoir que c’est tout ce que nous appelons le réel qui est de l’ordre du rêve, notre premier réel étant bien éphémère : ici on commence à s’ancrer dans du solide durable en éternité. Et il arrive qu’on s’en trouve beaucoup mieux ! Et ceux-là ressentiront cette détente et cet apaisement.